Plus de douze ans qu'il ne m'a jamais rappelé. Il était comme mon frère. On avait été jusqu'en Australie ensemble.
Il me retrouve sur le net. M'envoie un mail.
Si longtemps sans nouvelles...
Je réponds.
On parle.
- Il faudrait qu'on se revoit dit-il.
Sans doute en éprouve-t-il le besoin.
J'accepte. Il a repris il y a longtemps ce que j'avais à perdre avec lui.
On discute encore.
- Tu fais toujours de la batterie, c'est bien je trouve.
Je ne mens pas.
- ... tu m'as dit un jour qu'on mourrait quand on avait pas de rêves ou qu'on arrêtait de courir après...
Je pense toujours ainsi, malgré ma vie.
On se recontacte la semaine prochaine.
Je ne suis pas sur qu'on puisse redevenir proche de ceux qui vous quittent sans que vous les ayez trahis ou meurtris. Il a l'air de penser différemment. Je n'ai rien contre. S'il m'appelle, j'irai. En souvenir d'une amitié qu'on croyait plus solide que le granit. Le reste n'a pas d'importance, je ne l'ai pas trahi, je ne lui ai pas tourné le dos.
Un disque d'Anouk répand sa musique dans mon "Chez Moi".
Je regard par la fenêtre, le vent souffle, la pluie tombe.
Je suis bien.
Je ne sais même pas pourquoi il a cessé de m'appeler.
Ce genre de chose ne me tracasse plus.
Ils finissent tous par me quitter d'une manière ou d'un autre. A un moment, plus ils sont proches, plus ils s'éloignent de moi.
Pourtant ils reviennent toujours sans que je ne sache pourquoi.
Mème plus de douze ans après.
Qu'est ce qu'il leur manque ?
Qu'est ce qu'ils ne trouvent pas ailleurs ?
Et surtout, Amitié ou Amour, pourquoi ne se rendent-ils pas compte du prix de ce qui nous lie AVANT de me tourner le dos ?